Le confort acoustique est primordial dans les lieux recevant du public. Si l’acoustique est classiquement traitée au niveau du plafond et du sol, les murs sont de plus en plus prisés. De nombreuses solutions techniques et esthétiques sont proposées sur le marché.
Bureaux, hôpitaux, hôtels, écoles, magasins… Le traitement de l’acoustique est essentiel dans bon nombre de lieux recevant du public. Avec la luminosité, la température et la qualité de l’air intérieur, l’acoustique fait partie des éléments participant à rendre l’environnement d’une pièce agréable. Son traitement s’effectue principalement au niveau des plafonds et du sol. « Au niveau du sol, la moquette est le matériau présentant la meilleure isolation acoustique. Or, ce revêtement ne peut pas être utilisé dans certains secteurs, comme la restauration ou la santé, pour des raisons d’hygiène », explique Pascal Ozouf, expert acoustique chez Placo. De fait, les revêtements muraux acoustiques représentent une alternative intéressante. « Mettre un absorbant au niveau du mur va permettre de renforcer le confort acoustique et d’éviter la réverbération des bruits sur le mur et les effets d’écho », indique Patrice Cordon, directeur prescription chez Knauf Ceiling Solutions.

Avec sa gamme Gyptone, Placo propose des panneaux muraux acoustiques en plaque de plâtre. © Placo
D’un point de vue technique, les revêtements acoustiques muraux apportent principalement une correction acoustique. Celle-ci consiste à maîtriser la réverbération des sons en captant une partie des réflexions grâce à des matériaux absorbants. Le coefficient d’absorption acoustique alpha (αw) permet de définir l’efficacité d’absorption du son des matériaux. Il est compris entre 0 et 1. Le matériau sera d’autant plus absorbant que son αw est proche de 1. « Pour qu’ils soient efficaces, il est préconisé de combiner des revêtements muraux avec un traitement acoustique au plafond et au sol. L’idéal étant de mettre ce genre de revêtements sur toutes les parois de la pièce », commente Pascal Ozouf. Un avis partagé par Alison Voisinet, directrice de la communication et du marketing chez Rockfon : « Utilisés seuls, les revêtements acoustiques muraux auront une performance bien moins importante ». Toutefois, il est possible d’utiliser dans certains cas des solutions murales uniquement. « Selon le cahier des charges et la demande en termes de besoin d’absorption acoustique, l’habillage mural peut suffire dès lors que le complexe mis en place – association de l’absorbant et du revêtement – est suffisant », affirme Sabine Sother, directrice commerciale chez Clipso.

Toile acoustique murale effet briques réalisée par Clipso pour un restaurant d’entreprise. © Clipso
UNE DIVERSITÉ DE SOLUTIONS
Bois, métal, textile, toile tendue… Le choix est vaste ! Les panneaux muraux acoustiques se déclinent en différentes formes et matériaux. Le marché recense plusieurs familles de revêtements acoustiques muraux, comme les panneaux performés en plaque de plâtre ou en fibre de bois dont l’αw est généralement compris entre 0,6 et 0,9. Il existe également des solutions en métal (dont l’αw est compris entre 0,75 et 0,9) et en bois (αw assez large, pouvant aller de 0,5 à 1). Des matières qui possèdent des propriétés acoustiques. « Le bois est privilégié pour créer des ambiances cocooning et chaleureuses », remarque Pascal Ozouf. Les panneaux en laine de roche ou laine de verre recouverts de tissu, de feutrine, de toile imprimée ou encore de matières végétales sont également prisés. Leur αw est généralement compris entre 0,9 et 1. Ces solutions permettent une grande diversité de formes, de couleurs et de matières. « Il est possible de les personnaliser, ce qui apporte une identité au lieu », explique Alison Voisinet. Certains fabricants proposent également des toiles murales acoustiques de faible épaisseur qui se collent au mur, comme du papier peint. « Mais dans ce cas, la performance acoustique est moindre. L’αw est généralement compris entre 0,25 et 0,30 », précise Pascal Ozouf.

En fibre de bois, les panneaux acoustiques Silvatone de Placo offrent une absorption acoustique jusqu’à un αw de 0,95. © Placo
DES SOLUTIONS QUI GAGNENT EN POPULARITÉ
Si les solutions murales restent moins utilisées que les revêtements traitant l’acoustique au niveau du plafond, leur utilisation tend tout de même à se démocratiser. « À ce jour, l’utilisation des revêtements muraux reste moins développée que les solutions de traitement des plafonds. Toutefois, dans le domaine du tertiaire, de l’hôtellerie et de la restauration, les demandes d’un traitement de l’acoustique grâce à des solutions techniques au niveau des murs se développe de plus en plus », confirme Sabine Sother. Outre le côté technique, ces solutions apportent également de l’esthétisme à une pièce et, dans certains cas, une possibilité de personnalisation. « Les revêtements acoustiques prennent de plus en plus d’ampleur. Ces solutions modulaires et flexibles permettent de corriger le niveau acoustique d’une pièce tout en respectant l’esthétique du lieu. Ce sont des éléments décoratifs à part entière », relate Alison Voisinet.

Les panneaux muraux en laine de roche Rockfon Canva sont recouverts d’une toile textile détachable et personnalisable. © Rockfon
DES LIMITES
Malgré leurs atouts, plusieurs freins limitent le développement de ce genre de solutions. À la différence des revêtements de plafond, les panneaux acoustiques muraux peuvent être plus fréquemment soumis à des dégradations, puisque souvent à portée de main. D’autant que certaines solutions présentent une résistance limitée. « Certains revêtements muraux sont assez fragiles, comme les plaques de plâtre perforées, les toiles tendues ou encore les produits à base de laine de roche ou de laine de verre. Dans ce cas, il faut éviter de les mettre à hauteur de mains », analyse Pascal Ozouf. La question de leur entretien se pose également. « S’ils sont à portée de main, les revêtements muraux doivent pouvoir être entretenus et nettoyés facilement, ce qui n’est pas toujours le cas », note Alison Voisinet. Autre frein : le coût. « Les solutions murales sont souvent onéreuses car il y a une volonté de les utiliser comme un élément de décoration. Cela demande un travail de personnalisation ou d’utiliser des matériaux qualitatifs, et donc coûteux, comme le bois », détaille Alison Voisinet. Concilier performances techniques et esthétisme nécessite un certain budget, que les prescripteurs ne sont pas toujours prêts à accepter.

Le système modulaire en bois Rockfon Lamella offre une solution acoustique murale au design biophilique. © Rockfon