Un matériau d’avenir ancestral

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© Armstrong Ceiling Solutions

C’est désormais officiel, les matériaux biosourcés, et le bois avant tout, vont prendre une part de plus en plus importante dans la construction. L’objectif: diminuer l’impact sur le climat des bâtiments neufs, en prenant en compte l’ensemble des émissions du bâtiment sur son cycle de vie, dès la construction. Le gouvernement parle d’une baisse d’au moins 30 % en 2030 par rapport à 2013. Pour y parvenir, l’usage du bois et des matériaux biosourcés devra être quasi-systématiques, ces derniers stockant le carbone pendant la durée de vie du bâtiment. « Cela impliquera que les fabricants caractérisent toujours plus de produits et d’équipements mis sur le marché. Ceci induira surtout une claire incitation à utiliser des matériaux à faible empreinte carbone, en particulier dans le second œuvre, comme l’isolation, les parquets, les menuiseries », ont indiqué les ministres de la Transition énergétique et du Logement le 24 novembre dernier lors de la présentation des contours de la RE2020.

Cette nouvelle place donnée aux matériaux biosourcés dans la construction est l’occasion de s’arrêter sur le bois, matériau ancestral, authentique, chaleureux et reconnu aujourd’hui pour être un véritable puits de carbone.

L’Office national des forêts précise d’ailleurs à titre d’exemple qu’un arbre de 5 m3 peut absorber l’équivalent de 5 t de CO2 et rappelle qu’une fois coupé, il continue à séquestrer du carbone. Le bois dans la construction a donc un boulevard devant lui. Maison à ossature bois, parquet massif, sol stratifié sans parler des panneaux muraux et lames ou dalles de plafond (voir page 18)… Il se décline en de nombreux revêtements (massifs ou dérivés), essences et effets de décors tout en assurant longévité et durabilité dès lors qu’il est correctement entretenu.

TROIS QUESTIONS À JEAN-MARC PAUGET, EXPERT CONSTRUCTION BOIS AU CNDB

Quels sont les avantages du bois ?
Le premier, très subjectif, est l’appréciation de la matière. Il y a le confort visuel, le sentiment de bien-être, la texture que l’on peut toucher et l’image qu’il renvoie, l’idée de nature et de forêt. Il s’agit ensuite d’un matériau hygroscopique, c’est-à-dire qu’il a la capacité de réguler l’hygrométrie du bâtiment. C’est intéressant pour l’hygiène intérieure car il permet de rester dans les 40 à 60 % d’hygrométrie qui représente la bonne zone de confort et qui évite les problèmes de sécheresse ou d’humidité. Concernant la tenue au feu, de nombreux essais et études ont été réalisés sur le sujet et permettent de contrer les idées reçues sur le bois et les incendies. Le matériau se consume lentement, ne dégage pas de fumée toxique et transmet la chaleur moins vite que le béton et l’acier. Il reste par ailleurs fidèle à son comportement structurel quelle que soit la température, quand une structure métallique perdra ses propriétés mécaniques.

Le bois peut-il être une réponse à la problématique acoustique ?
En termes d’absorption acoustique à l’intérieur d’une pièce, il existe plusieurs solutions en contreplaqué perforé qui absorbent les sons et limitent la réverbération. On peut aussi poser des lames de bois verticales sur un fond noir, devant une laine minérale qui fera absorption. S’agissant de l’isolation entre les pièces, c’est plus compliqué. En filière humide, on utilise généralement ce que l’on appelle la loi de masse, réalisée avec du béton. Plus on a besoin d’affaiblissement acoustique, plus on met de masse. Ceci n’est pas possible avec le bois puisque ce dernier a une densité bien plus faible que le béton. On travaille donc avec le système masse-ressort-masse. Les parois sont désolidarisées par de l’air ou un isolant. Ainsi, indépendantes les unes des autres, elles ne se transmettent pas les vibrations. C’est avec ce dispositif que l’on fait des planchers ou des parois bois avec de bonnes performances d’isolement acoustique.

Comment être sûr d’avoir une utilisation écologique du matériau bois ?
Pour que le bois reste un matériau biosourcé écologique, il est indispensable d’utiliser des essences certifiées au niveau de la gestion durable de la forêt. En France, il existe deux certifications principales, FSC (Forest Stewardship Council) et PEFC (Programme européen des forêts certifiées). En s’y référant, on s’assure de se fournir dans des forêts gérées durablement. Concernant les réserves de bois, il faut savoir qu’en France, au sortir de la guerre, il y a eu de nombreux arbres replantés avec la création du Fonds forestier national. Quand on sait qu’il faut entre 60 à 70 selon les essences pour qu’un arbre arrive à maturité, on dispose aujourd’hui d’une réserve confortable. À noter, nous ne récupérons qu’environ 60 % de l’accroissement naturel de la forêt, nous ne touchons pas au 40 % restant.

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